En avril 2025, Emma Cossée Cruz, artiste photographe, a réalisé une immersion de plusieurs jours au sein de l’équipe-projet Inria « Mimesis », équipe commune avec Inria, l’Université de Strasbourg et le CNRS, rattachée au laboratoire ICube. L’objectif ? Préparer sa prochaine exposition sur le sujet des jumeaux numériques ! Envie d’en savoir plus ? Découvrez ci-dessous l’interview d’Emma qui nous plonge dans les coulisses de son parcours, de sa résidence d’artiste et de son nouveau projet !
Quel est votre parcours ?
J’ai étudié aux Beaux arts de Paris puis j’ai passé du temps en Argentine et au Chili d’où je suis originaire par ma mère. Je vis actuellement à Marseille et je réalise principalement des installations photographiques et vidéos.
Quels sont vos projets déjà réalisés ?
J’ai récemment mené le projet Théâtre de machines. Il consiste en une série de photographies en noir et blanc de machines d’imagerie médicale. J’ai transféré ces photographies sur des plaques de plâtre pour qu’elles se déploient dans l’espace d’exposition. Pour développer cette technique de transfert, j’ai été accueillie en résidence artistique au Centre Claude Cahun pour la photographie contemporaine à Nantes et dans les laboratoires photographiques Artlabs.
Peu de temps avant je m’étais rendue dans des centres de rééducation physique pour photographier les objets et équipements utilisés. Ce projet, intitulé « À bout de bras » a été exposé à l’exposition collective « Perspectives » à La Chambre, un espace d’exposition dédié à la photographie situé place d’Austerlitz à Strasbourg.

En quoi consiste ce nouveau projet ? Pourquoi avoir sélectionné Mimesis ? Quels sont vos objectifs ?
Suite à ces deux projets sur des centres de santé, je me suis intéressée à la technologie dite des « jumeaux numériques » et à leur utilisation médicale. Cette technologie consiste à reproduire numériquement un organe ou tout le corps des patient·e·s en intégrant ses données personnelles et en les traitant par intelligence artificielle. Cela permet au personnel de santé, par exemple, de s’entraîner en amont des opérations, de réaliser des diagnostics ou de tester des traitements. Pour réaliser ce projet, je suis accueillie à Strasbourg par La Chambre. Nous avons contacté Mimesis car cette équipe est à la pointe des recherches sur les jumeaux numériques : j’ai souhaité y passer du temps, rencontrer les équipes, me familiariser avec leurs travaux et prendre des photographies.
Comment s’est déroulée votre immersion dans l’équipe ?
J’ai été très bien accueillie, avec curiosité et disponibilité. Plusieurs chercheuses et chercheurs ont pris le temps de m’expliquer leur recherche, avec patience et pédagogie car je ne viens pas du tout d’un parcours scientifique.
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné ?
J’ai beaucoup aimé que les équipes appellent « fantômes » des objets 3d qui reproduisent des parties du corps et qui se trouvent à différents endroits du laboratoire. Ces objets viennent matérialiser des recherches qui se passent principalement sur ordinateur , via des lignes de codes et des formules mathématiques.
Avez-vous une ou des anecdotes à partager ?
Avant mon arrivée, je m’imaginais un contexte un peu froid et clinique. Or j’ai été surprise car la première personne que j’ai croisée était en chaussettes, la deuxième portait un casque audio et visiblement était emportée par la musique. J’ai compris que pour que la recherche se passe au mieux, chaque personne de l’équipe doit se sentir bien et pouvoir respecter sa manière de travailler, ses rythmes.
Selon vous, comment l’art peut-il « interagir » avec la science et avec quel impact sur les citoyens ?
Un point commun entre l’art et la science pourrait être le rapport à la recherche, des recherches qui peuvent se déployer sur des temps très longs. Je pense que la recherche scientifique nous concerne tous et toutes, bien que nous ne comprenions pas forcément les détails, cela a des conséquences sur nos vies. L’art peut parfois relayer ces recherches, apporter un autre regard ou de nouvelles questions.
L’exposition sera présentée en 2026.