Les Cigognes : une semaine de maths et d’informatique en plein air pour les lycéennes

Attirées par les sciences, 25 lycéennes du Grand Est ont participé à la 1re édition des Cigognes. Ce stage d’initiation à la recherche en mathématiques et en informatique non-mixte encourage les jeunes femmes à s’intéresser aux études et carrières scientifiques. Retour sur cette initiative qui sera reconduite en octobre 2024.

Toutes les courbes fermées admettent-elles un carré inscrit ? Dans un graphe, Sofia peut-elle rattraper son ornithorynque si chacun se déplace l’un après l’autre sur un sommet adjacent ? Peut-on construire une muraille avec un motif précis composé de briques de deux couleurs en posant tour à tour une brique de chaque couleur ? Voilà trois exemples de problématiques de recherche en mathématiques ou en informatique (géométrie, graphes et calcul de stratégies, calcul haute performance et parallélisme informatique) sur lesquelles des lycéennes d’Alsace et de Lorraine se sont penchées pendant les dernières vacances de la Toussaint. Au nombre de 25, ces élèves de seconde et première participaient aux Cigognes, un stage gratuit d’initiation à la recherche en mathématiques et en informatique.

« Montrer que faire de la recherche c’est amusant »  

Organisé1 par cinq enseignants-chercheurs de l’IRMA, de l’IECL et du Loria, le stage s’est déroulé du 22 au 27 octobre au cœur de la nature, dans un village de vacances à Ramonchamp (Vosges). Exclusivement réservé aux lycéennes, Les Cigognes a pour ambition de les encourager à s’intéresser aux études et carrières scientifiques. « Dire « il n’y a pas assez de femmes en science2 » n’aide en rien, c’est juste culpabilisant. L’idée du stage est donc de montrer à des jeunes femmes curieuses que les maths, l’informatique et faire de la recherche, c’est amusant. Le but est aussi de lutter contre la censure sociale qui pèse sur les femmes et de leur prouver qu’elles ont les compétences pour réussir » explique Marie Duflot-Kremer, enseignante-chercheuse au Loria et co-organisatrice du stage.

Se mettre dans la peau de chercheuses

Issues d’une dizaine de lycées et sélectionnées pour leur motivation et leur intérêt pour les sciences, les lycéennes ont consacré leurs matinées à un projet de recherche. « Par groupe de trois à cinq, elles se sont mises dans la position de chercheuses et ont dû s’intéresser à un problème auquel elles n’avaient pas de réponse. Nous répondions à leurs questions mais nous ne leur avons pas dit où aller ni comment. Souvent il y avait plusieurs manières de traiter un même problème. » Et comme de véritables chercheuses, les lycéennes ont réalisé un poster scientifique et présenté, à la fin du stage, les fruits de leurs travaux à leur famille.

Les chercheuses en herbe ont également pu échanger avec des mathématiciennes et informaticiennes académiques ou exerçant dans le secteur privé et assister à des conférences scientifiques : détection des polluants dans l’air grâce au machine learning, comprendre l’intelligence artificielle ou l’importance des nombres premiers… Elles ont aussi participé à des activités sportives – randonnée, Pilates, yoga… – et récréatives : escape game, jeux de société, karaoké…

Un environnement bienveillant

« Il y a vraiment une bonne ambiance. C’était un stage décomplexé, personne ne jugeait les autres. » Le témoignage de Céline souligne une autre dimension des Cigognes : la bienveillance. « Les lycéennes se sont écoutées et soutenues, en particulier lors de l’atelier sur les stéréotypes de genre qui a été un moment fort en émotion. Cette sororité a contribué à leur donner confiance en elles » assure Marie Duflot-Kremer. La chercheuse constate également le succès de l’ambition initiale du stage : « Elles ont maitrisé de nouveaux concepts et appris à faire de la recherche. J’ai le sentiment que le stage a créé des vocations : nous devions dire à certaines d’arrêter de réfléchir et d’aller se coucher. » Fort de ce succès, la 2e édition des Cigognes est d’ores et déjà programmée pour le 20 octobre 2024. Avis aux jeunes candidates : la sélection ne dépend pas de vos notes mais de votre motivation.

1 Soutenu par les académies de Nancy-Metz et de Strasbourg, Les Cigognes est financé par la Région Grand Est, l’Institut Élie Cartan de Lorraine, l’IRMA, le Loria, l’Université de Lorraine, l’Université de Strasbourg, le CNRS, le centre Inria de l’Université de Lorraine, la Fondation Blaise Pascal et les partenaires du programme MathC2+ (Animath, SMF, Collège de France, Casio, Natixis).

2 En 2021, 22% des enseignants-chercheurs en mathématiques et 24% en informatique étaient des femmes. Source : www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/fiches-demographiques-des-sections-de-sciences-annee-2021-87629

Plus d’infos sur ce stage

Les témoignages en vidéo

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