2 février 2006
Les canaux ioniques sont les nanomachines à l’origine des signaux électriques générés par les cellules excitables au premier rang desquelles viennent les cellules nerveuses, mais qui incluent également les cellules cardiaques, musculaires, vasculaires, endocrines, etc. Ces canaux sont des pores protéiques insérés dans les membranes des cellules excitables et qui leur confèrent leur personnalité électrique. Sans canaux ioniques, pas de bioélectricité. Il existe des canaux sodium (perméables au sodium), des canaux calcium qui couplent le signal électrique à une sécrétion d’hormone ou de neurotransmetteur, à une contraction, voire à une mise en mémoire, des canaux potassium dont on expliquera le fonctionnement, la diversité y compris génétique, la combinatoire qui permet de générer une forme spécifique de signal électrique. L’exposé décrira comment ces canaux ioniques sont impliqués dans une grande variété de pathologies de l’excitabilité : arythmies cardiaques et mort subite, épilepsies, sclérose en plaque, ischémie cérébrale, perception sensorielle et douleur, migraines, anomalies de la sécrétion d’hormones comme dans le diabète de type II et probablement maladies mentales.
Modifier le fonctionnement des canaux ioniques peut bien entendu aussi conduire à des désordres graves, mortels même, du fonctionnement bioélectrique. C’est ce qui se passe par exemple sous l’effet des « armes biologiques » contenues dans les venins, les algues microscopiques ou les plantes toxiques. Modifier le fonctionnement des canaux ioniques a aussi heureusement un grand intérêt thérapeutique (anti-épileptiques, médicaments de la maniaco-dépression, anti-hypertenseurs, anti-diabétiques, anesthésique, analgésiques, neuroprotecteurs, etc.).
Michel Lazdunski (IMPC CNRS)