12 avril 2007
Pour moi, la biologie des systèmes est une théorie de la relativité biologique. Son principe premier est qu’il n’existe pas de niveau privilégié de causalité. Ceci est nécessairement vrai dans des systèmes qui possèdent des niveaux multiples s’influençant par des boucles de rétroaction montantes et descendantes. Les gènes et les protéines ne peuvent rien faire par eux-mêmes. Il y a de nombreuses formes de causalité descendante qui jouent sur le génome avec des résultats très différents selon les cellules et les circonstances. De ce fait le concept de “réseau génétique” est fallacieux, de même que l’idée d’un programme génétique. En fait, il n’y a aucun programme à aucun niveau. Le dogme central de la biologie moléculaire est erroné. L’ADN n’est pas le seul support de l’hérédité et l’importance des mécanismes épigénétiques n’a pas encore été suffisamment appréciée. La persistance des effets épigénétiques sur plusieurs générations les rend sensibles à la sélection naturelle. Il y a donc peut-être une forme de lamarckisme qui attend en coulisse. Dans cette conception de la biologie, les gènes ne sont pas égoïstes mais prisonniers de l’organisme. J’emploierai des exemples de modélisation du cœur pour illustrer tous ces principes.
Denis Noble (Oxford University, UK)